Ce travail photographique émanant d’une problématique intime et un cheminement personnel face au deuil, se révèle faire écho à une question sociale et documentaire sur la vie au coeur d’une région autrefois prospère et fière. Un petit coin de Picardie aux confins de l’Aisne... où la « forêt des rois de France » côtoie les sites industriels sinistrés depuis les années 80. Les fermes, autrefois nourricières pour la population locale, imposent aujourd’hui une architecture désuète, telles des vaisseaux à l’abandon. Cette campagne fait pour autant encore la fierté de ses habitants qui osent espérer un nouvel élan de vie pour leur contrée. Sur les pas de ma grand-mère Nadia et ses 92 ans, fille d’agriculteur, employée des postes et épouse d’un ouvrier métallurgiste, j’explore les traces de ce qui fut et documente par la photographie les voies picardes d’un présent en timide renaissance. Les objets et les lieux parlent des absents, du courage des ouvriers, de la charge du passé, de la métamorphose.

Petit à petit, des silhouettes se dessinent : travailleurs, bêtes, gourmands, curieux de patrimoines et relève du pêcheur de carpe pour ouvrir notre regard sur ce territoire qui n’a pas dit son dernier mot dans l’histoire des hommes.